La pertinence des actes médicaux
Le docteur vous implante un pacemaker ou un défibrillateur à la suite d’un problème cardiaque. Comment pourra-t-il s’assurer que cet appareil informatisé fonctionne bien et accomplit sa tâche en tout temps? Un contrôle à l’hôpital est-il toujours nécessaire et pertinent? Un suivi à distance est-il possible et, surtout, efficace?
Le suivi à distance du pacemaker et du défibrillateur a fait ses preuves depuis une dizaine d’années. Ce constat a incité la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), l’Association des cardiologues du Québec et l’Institut de la pertinence des actes médicaux (IPAM) à proposer le déploiement à grande échelle de cette technologie. L’IPAM a pour mandat d’identifier et d’adopter des mesures visant à restreindre ou à éliminer des actes médicaux inappropriés, rendus à des fréquences excessives ou non conformes aux bonnes pratiques médicales. Il a aussi la responsabilité de voir au réinvestissement des économies afin d’améliorer l’accessibilité aux services et de moderniser la pratique de la médecine spécialisée.
Stimulateur cardiaque implantable, électrostimulateur cardiaque, cardiostimulateur et pile cardiaque sont autant d’expressions pour désigner, en français, le pacemaker. Ce dernier mot est toutefois le plus couramment employé pour désigner un petit boitier muni d’une sonde, implanté sous la clavicule. Ce dispositif a pour fonction d’émettre des impulsions – ou signaux électriques – visant à stimuler le cœur s’il vient à battre trop lentement. C’est ce que les médecins appellent une bradycardie. Il contribue donc à rétablir la fréquence cardiaque normale.
Le défibrillateur, ou cardiodéfibrillateur, est aussi un pacemaker. Il sert également à harmoniser le rythme cardiaque quand il détecte une arythmie, c’est-à-dire une contraction irrégulière du cœur, ou tachycardie ventriculaire. De plus, il est programmé pour provoquer un choc en cas d’arrêt cardiaque.
Le cardiologue spécialisé en électrophysiologie est le médecin spécialiste des troubles du rythme cardiaque. C’est lui qui implante les pacemakers et les défibrillateurs, puis en assure le suivi, généralement tous les six mois.
Grâce aux progrès technologiques, le cardiologue électrophysiologiste peut assurer ce suivi à distance chez 60 % des porteurs de pacemakers et 75 % des porteurs de défibrillateurs, ceux pour lesquels une consultation en personne n’est pas pertinente. Le médecin spécialiste dispose alors de plus de temps pour les patients dont la condition exige un contrôle à l’hôpital.
Pour le patient et le proche aidant qui l’aurait accompagné, le principal avantage du suivi à distance est qu’ils n’ont plus à se déplacer, ce qui représente pour eux une économie de temps et d’argent. Les personnes à mobilité réduite ou vivant en région éloignée d’un grand centre l’apprécient particulièrement. En outre, le suivi à distance permet au médecin de détecter rapidement les problèmes liés à l’appareil, tels le bris de la sonde ou l’épuisement prématuré de la pile. Il peut aussi poser des diagnostics précoces, notamment une fibrillation auriculaire ou une arythmie ventriculaire. Ces bénéfices sont directement liés à une baisse de mortalité.
L’implantation à grande échelle du suivi à distance du pacemaker et du défibrillateur représenterait une économie annuelle de 2,1 millions de dollars. Cette économie s’explique entre autres par le fait que le coût d’une visite en personne est supérieur à celui d’un suivi à distance. Réinvestie dans d’autres services du réseau de la santé, elle contribuera à élargir l’accès à la médecine spécialisée.