DOSSIERS SANTÉ

Santé cardiovasculaire au féminin

Depuis les 30 dernières années, les maladies cardiaques sont la première cause de décès prématuré chez les femmes en Amérique du Nord et pourtant, peu d’entre elles sont sensibilisées à la question. Devant un tel constat, la FMSQ a élaboré ce dossier santé afin d'outiller les femmes par rapport à cet enjeu qui les touche de près.
La santé cardiovasculaire des femmes au cœur des priorités

Depuis les 30 dernières années, les maladies cardiaques sont la première cause de décès prématuré chez les femmes en Amérique du Nord1 et pourtant, peu d’entre elles sont sensibilisées à la question. De plus, contrairement à la croyance populaire, les femmes sont deux fois plus à risque de mourir d’un infarctus que les hommes.2

En fait, la médecine commence tout juste à comprendre le fonctionnement du cœur des femmes et ses particularités. Lacunes en matière de recherche, de diagnostic, de traitement et de soutien tout au long du rétablissement : le retard à rattraper en matière de santé cardiovasculaire féminine est grand. Et cette situation est d’autant plus préoccupante, puisque les femmes ne représentent que le tiers des participants aux essais cliniques sur les maladies cardiaques.3

Électrocardiogramme

D’après les dernières données annuelles de Statistique Canada, près de 25 000 femmes décèdent, chaque année, des suites d’une maladie du cœur. En outre, une Canadienne sur trois présentera une maladie cardiovasculaire au cours de sa vie. 

CardioF
Maladies cardiovasculaires : de quoi parle-t-on exactement?

Infarctus, insuffisance cardiaque ou accident cérébral vasculaire (ou AVC) : les maladies cardiovasculaires touchent l’ensemble de la mécanique du cœur. Elles concernent les artères du cœur et les valves cardiaques, mais aussi les microvaisseaux et les gros vaisseaux de la circulation sanguine.

Ces maladies concernent les femmes de tout âge et même si elles semblent reculer depuis quelques décennies, les femmes de moins de 55 ans sont de plus en plus touchées. En outre, ces dernières ont plus de risques d’en mourir que les hommes du même âge4.

Dre Christine Pacheco, cardiologue

« Malheureusement, lorsqu’il est question d’aborder la santé des femmes, l’approche « bikini » l’emporte souvent : les organes reproducteurs et les seins sont priorisés au détriment de tout le reste », Dre Christine Pacheco, cardiologue à l’Hôpital Pierre-Boucher.

Pourtant, les femmes sont cinq fois plus nombreuses à mourir d’une maladie du cœur que du cancer du sein.5

Femme enceinte
Pourquoi les femmes sont-elles plus à risque de développer une maladie cardiovasculaire?

Règle générale, les femmes ont une fréquence cardiaque plus élevée, alors que la taille de leur cœur et de leurs artères est plus petite.En outre, contrairement aux hormones mâles, les fluctuations d’hormones féminines peuvent favoriser la formation de caillots de sang ou d’obstructions, par exemple.

Cela dit, le corps des femmes et leur trajectoire de vie sont différents des hommes. Cycles menstruels, grossesse, taux de fertilité, hormones et ménopause : nombreuses sont les différences biologiques pouvant expliquer les divers facteurs de risque présents chez les femmes à différents moments de leur vie.

De fait, les maladies du cœur représentent l’une des principales causes de maladie et de décès pendant la grossesse, alors que le risque de subir un AVC est trois fois plus élevé chez les femmes enceintes que chez les autres femmes du même âge.7

En vieillissant, les femmes présentent également des facteurs de risque plus rapidement que les hommes.8 Alors que le taux d’œstrogène diminue, durant la ménopause, le risque de maladies du cœur, lui, augmente.

C’est sans compter la présence de nombreux facteurs de risque connexes, tels que le tabagisme, l’hypertension artérielle, le diabète, l’hypercholestérolémie, l’obésité, la sédentarité, la dépression, l’utilisation de contraceptifs oraux ou l’hormonothérapie substitutive, par exemple.

Pour beaucoup de femmes, ces facteurs de risque sont également associés à d’autres variables biologiques et sociales qui se croisent et se chevauchent comme l’âge, la race, l’origine ethnique, le statut socioéconomique, l’orientation sexuelle, la situation corporelle et les antécédents familiaux.9

« À première vue, le cœur de la femme ressemble beaucoup à celui de l’homme; pourtant, il existe plusieurs différences importantes qui sont encore incomprises. En bonne santé, on n’y voit pas de différence, mais c’est lorsqu’une maladie cardiovasculaire apparaît que les femmes s’en trouvent désavantagées et sont plus à risque de plus de complications, et même, de mortalité », mentionne Dre Jessica Forcillo, chirurgienne cardiaque au CHUM.

Symptômes : quels sont les signaux d’alerte à surveiller?

Les signes précurseurs d’une crise cardiaque sont passés inaperçus chez 50 % des femmes.10 

Contrairement aux hommes, les femmes peuvent ne pas décrire de douleur thoracique, mais plutôt une sensation de chaleur, une pression ou une lourdeur.11 

Elles peuvent également éprouver plus de symptômes accompagnateurs qui font également partie des symptômes à surveiller12 :

  • fatigue
  • essoufflement
  • étourdissements
  • douleurs dans le cou, la mâchoire, les épaules, le haut du dos ou le ventre.
  • nausées
  • vomissements
Des symptômes souvent banalisés

Les femmes auront donc souvent tendance à attribuer leurs symptômes à d’autres causes. Ainsi, bon nombre d’entre elles ne savent pas qu’elles présentent un risque ni ce qu’elles peuvent faire à ce sujet. Croyant qu’il s’agit d’un problème digestif, d’anxiété ou des symptômes de la ménopause, plusieurs d’entre elles tardent à en parler à leur médecin ou à se rendre aux urgences. Or, plus ces symptômes sont pris en charge rapidement, moins les séquelles seront grandes. Autrement, les dégâts peuvent être irréversibles.

Diagnostic et soins : les femmes sont-elles traitées différemment?

Les femmes sont sous-représentées dans les études et les essais cliniques : les médecins n’ont alors d’autres choix que d’extrapoler les données observées auprès des hommes. Ainsi, un grand nombre de femmes qui subissent une crise cardiaque sont moins susceptibles d’obtenir un diagnostic rapide et précis et de recevoir les médicaments et les traitements dont elles ont besoin, à temps. Reconnaissance tardive, tests inadaptés et soins inadéquats : l’ensemble du parcours de soins de santé mérite d’être revu.

De plus, les femmes sont moins orientées vers des programmes de réadaptation cardiovasculaire et de prévention secondaire que les hommes. Pourtant, ceux-ci atténuent les conséquences des maladies cardiaques par l’entremise d’examens réguliers, de programmes d’exercice et de programmes de soutien.13

Comment les femmes peuvent-elles prévenir le développement d’une maladie cardiovasculaire?

Selon de nombreux médecins spécialistes, la sensibilisation est l’une des principales actions à déployer pour prévenir les maladies cardiovasculaires féminines. En reconnaissant les facteurs de risque et les signes spécifiques d’une crise cardiaque, par exemple, les femmes auront la possibilité d’agir plus rapidement. Dans certains cas, cela pourrait même les amener à consulter avant qu’il ne soit trop tard.

Femme qui s'entraîne

Les maladies cardiovasculaires peuvent être prévenues à près de 80 % par de bonnes habitudes de vie.14

La santé féminine : un important facteur d’épanouissement

La santé cardiovasculaire des femmes devrait être un enjeu prioritaire pour la population, le gouvernement et la société. Et pour cela, la FMSQ estime qu’il faut faire de l’éducation auprès des femmes et des membres de leur entourage, mais également des professionnels de la santé. Meilleure représentation au sein d’études, création de cliniques spécialisées et investissements en recherche : les pistes à explorer sont nombreuses pour améliorer les soins aux patientes.

Les femmes au coeur de la santé
Un panel pour parler de la santé cardiovasculaire au féminin

Ces questions ont d’ailleurs été abordées lors du panel virtuel « Les femmes au cœur de la santé » organisé par la FMSQ à l’occasion de la Journée internationale des femmes. Voilà une magnifique occasion pour la population féminine d’en apprendre davantage sur le sujet tout en y portant un regard bienveillant.

 

Visionner le panel