DOSSIERS SANTÉ

Bandelettes sous-urétrales

Depuis près de 20 ans au Québec, les urologues et les gynécologues effectuent quotidiennement des interventions chirurgicales aux femmes qui désirent mettre fin aux désagréments provoqués par les fuites urinaires à l’effort.
Qu'est-ce qu'une bandelette sous-urétrale?

Lorsque la rééducation périnéale (physiothérapie du plancher pelvien) ou d’autres méthodes conservatrices (ex. : pessaire d’incontinence) ont échoué́ et que l’incontinence urinaire à l’effort est très incommodante pour la femme, une intervention pour installer une bandelette sous-urétrale peut être offerte. Les bandelettes sous-urétrales ont été approuvées par Santé Canada; elles sont utilisées par les médecins pour traiter leurs patientes depuis le début des années 2000.

Définition

Une bandelette sous-urétrale est un petit treillis de polypropylène (ressemble à un filet) utilisé en chirurgie pour corriger l’incontinence urinaire à l’effort, un type de fuite qui se produit pendant une activité comme le rire, la toux ou l’exercice. La bandelette sous-urétrale est mise en place pour prévenir ou réduire considérablement les pertes d'urine pendant ces activités. La bandelette reste dans le corps de façon permanente.

Source : Collège des médecins 

Quels sont les bénéfices pour la patiente?

Cette intervention permet d’améliorer grandement la santé des patientes, et surtout leur qualité de vie.

Les effets bénéfiques de la chirurgie persistent cinq ans après la chirurgie chez 75 à 80 % des femmes; ce taux diminue à 60 % après cinq ans.

Quels sont les risques?

Comme pour tout type d’intervention chirurgicale, les femmes sont informées des risques de complications au préalable par leur médecin. Cette intervention ne s’adresse pas nécessairement à toutes les femmes. La décision doit être prise conjointement par la patiente et son médecin après avoir discuté des autres options thérapeutiques non chirurgicales, ainsi que des risques liés à l’intervention.

L’apparition d’une douleur chronique invalidante (aines, cuisses, pubis, abdomen, dos, vagin et périnée) représente la complication la plus sévère. Le risque de cette complication varie entre 4 et 12 % selon les études.

La littérature scientifique est vaste à ce sujet. L’insertion d’une bandelette, qui est un corps étranger, n’est pas anodine. La mise en place d’une bandelette est à visée permanente. Toutes les femmes n’y réagissent pas de la même manière.

En présence de complications, il sera possible, après évaluation rigoureuse dans un centre d’expertise, de procéder au retrait partiel ou total de la bandelette, mais cette chirurgie de correction ne garantit pas la fin des effets indésirables ressentis. Le retrait de la bandelette pourrait même entraîner le retour, voire l’exacerbation de l’incontinence urinaire à l’effort.

La situation au Québec : une expertise reconnue

Quelque 80 000 Québécoises se sont fait installer des bandelettes sous-urétrales depuis le début des années 2000, ce qui leur a permis d’améliorer grandement leur santé et leur qualité de vie.

Dans l’éventualité où une femme doive subir une exérèse de la bandelette, cette intervention peut être pratiquée au Québec. L’expertise académique et clinique des urologues et des gynécologues québécois (médecins surspécialistes) est reconnue pour procéder au retrait partiel ou total de la bandelette et quatre centres d'expertise ont été désignés en la matière en 2021. Ces centres se trouvent au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), au Consortium McGill, au Centre hospitalier de Sherbrooke et au CHU de Québec-Université Laval. La mise en place de ces centres d'expertise vise à organiser les services et attribuer les ressources d'une équipe multidisciplinaire (infirmières, physiothérapeutes, médecins spécialistes) pour répondre adéquatement aux besoins de la femme.

L’association des urologues du Québec et l’association des obstétriciens et gynécologues du Québec ont des experts répartis dans ces centres d’excellence désignés qui jouissent d’une excellente réputation chez nous et ailleurs. 

Consulter le communiqué sur le déploiement des centres de référence

« Je suis très heureuse d’avoir pu connaître mon médecin au CHU de Sherbrooke. Grâce à son expertise et à son humanisme, je peux maintenant vivre sans douleur. »

« Mon opération s’est déroulée à merveille, au mois de mars 2023, et je récupère tellement bien que – quelques semaines plus tard – je peux déjà recommencer à vaquer à mes occupations quotidiennes! Je suis quelqu’un qui a de la difficulté à arrêter de bouger, alors je suis bien heureuse de pouvoir retrouver une belle qualité de vie. »

— Louise Pellerin, patiente opérée au CHU de Sherbrooke

Selon les données récoltées par les centres d'excellence au printemps 2023, 32 retraits de bandelettes ont été réalisés durant la première année de fonction de ces centres (2021-2022) et 16 retraits avaient été effectués pour les neuf premières périodes de l’année 2022-2023.

« Je témoigne aujourd’hui de mon histoire, car si d’autres femmes se reconnaissent dans ma situation, je serai heureuse d’avoir pu contribuer à les aider.  »

« J’ai été si bien accompagnée au CHU de Sherbrooke! Je ne comprends pas pourquoi certaines femmes vont aux États-Unis pour se faire retirer leur bandelette, quand on peut se faire traiter ici même, dans notre système public, et avoir d’excellents résultats. »

— Louisa Boudreau, patiente opérée au CHU de Sherbrooke

Mise en œuvre des dernières recommandations du Collège des médecins

En 2019, le Collège des médecins du Québec (CMQ) a mandaté un comité d'experts pour évaluer les requêtes d'un groupe de femmes victimes de douleurs invalidantes. Les recommandations du CMQ sur la pratique médicale de l'installation de bandelettes sous-urétrales a ainsi fait l'objet d'un rapport officiel, présenté le 16 juin 2020.

La FMSQ et ses associations médicales, dont plusieurs membres ont pris part aux travaux du comité d’experts, ont accueilli favorablement ce rapport et ont mis en œuvre les recommandations qui les concernaient spécifiquement.

En particulier, la FMSQ, en lien avec ses associations médicales, a organisé un symposium destiné aux urologues et aux gynécologues dès 2020 sur la pose et le retrait des bandelettes sous-urétrales ; des experts locaux et nationaux y étaient conférenciers.

Aussi, les urologues et les urogynécologues québécois poursuivent leur démarche de mise à jour continue des connaissances en la matière par des formations dans des congrès ou auprès de collègues experts.

Quelles sont les alternatives chirurgicales ?

L’incontinence urinaire à l’effort peut affecter significativement la qualité de vie, mais n’est pas une condition médicale nécessitant obligatoirement un traitement.

Des options de traitement chirurgical alternatives à la bandelette sous-urétrale synthétique existent depuis plus de 100 ans. Les bandelettes sous-urétrales sont utilisées au Canada depuis 1999.

En général, la bandelette sous-urétrale a été jugée aussi efficace ou plus efficace que n'importe laquelle de ces procédures et aussi durable (la chirurgie conserve ses effets favorables sur une plus longue période). De plus, la douleur liée à la procédure, le temps nécessaire pour se remettre de la chirurgie et le temps de reprendre les activités normales, y compris le travail, est moindre pour la bandelette sous-urétrale que pour ces autres procédures chirurgicales.

Parmi les autres traitements qui existent pour corriger les fuites à l’effort, il existe :

La bandelette aponévrotique

Une bandelette faite de vos propres tissus prélevée au niveau de l’abdomen et placée sous l’urètre. Cela se fait par chirurgie ouverte en pratiquant une incision sur le bas-ventre et le vagin sous anesthésie générale. La chirurgie est d’une durée de 2h à 2h30. L’ajustement de la bandelette (assez serré pour ne plus avoir de fuites, sans l’être trop pour toujours être capable d’uriner) est plus complexe. Vous devrez rester à l’hôpital de 1 à 3 jours après l’opération. Le temps de récupération est d’environ 6 semaines. Entre 1 à 5 ans après la chirurgie, environ 75% des femmes ont une amélioration de leurs symptômes, et 25% n’en ont pas.

La colposuspension

Cela implique d’attacher les tissus autour de la vessie afin de la suspendre à l’aide de points de suture. Cela peut être fait soit par chirurgie ouverte ou par laparoscopie (par caméra via de petites incisions), sous anesthésie générale. Vous devrez rester à l’hôpital de 1 à 2 jours après l’opération. Le temps de récupération est d’environ 6 semaines. Entre 1 à 5 ans après la chirurgie, environ 70% des femmes ont une amélioration de leurs symptômes, et 30% n’en ont pas.

Les agents de comblement

Une substance synthétique est injectée dans les parois de l’urètre via une petite caméra (cystoscopie) afin de rétrécir l’urètre et l’aider à se refermer. L’agent reste dans le corps en permanence. Cela se fait généralement sous anesthésie locale avec un temps de récupération de 1 ou 2 jours. Bien que pas aussi efficace (~50%) ni aussi durable que les traitements chirurgicaux, il est utile comme alternative dans certaines circonstances.

Il peut être nécessaire de répéter les injections ou encore, on peut décider d’opter pour une opération plus tard si les injections ne sont pas ou plus efficaces.

Vous éprouvez des problèmes d’incontinence? 

Consultez votre médecin de famille ou un omnipraticien en clinique.

Vous avez une bandelette et éprouvez des douleurs? 

Consultez les Questions-réponses du Collège des médecins et consultez un médecin au besoin.