Soins aux aînés : il faut agir maintenant!
Depuis nombre d’années, le manque de personnel est un véritable fléau dans le réseau de la santé québécois. Ce manque de ressources a de nombreuses conséquences, et ce, autant pour les professionnels de la santé que pour les patients, constitués en bonne partie de personnes âgées.
Le manque de ressources est particulièrement notable en gériatrie. Normalement, on devrait compter un gériatre pour 4 000 personnes âgées de 75 ans et plus. Afin de répondre aux besoins populationnels grandissants, on estime que le nombre de spécialistes en gériatrie devrait grimper à 234 d’ici 2025, soit 2,5 fois plus que le nombre actuel.
Il est à prévoir que cet objectif de 234 gériatres au Québec en 2025 sera difficile à atteindre. Seulement une douzaine de candidats s’inscrivent actuellement à la résidence en gériatrie chaque année.
Conséquences du manque de ressources en santé sur les soins offerts aux aînés
- Allongement des listes d’attentes lorsque des soins sont requis
- Augmentation des durées de séjour en gériatrie pouvant entraîner des pertes d’autonomie chez les personnes âgées vulnérables
- Alourdissement des conditions de travail des professionnels et fragilisation des équipes de gériatrie
Pour le Dr Serge Brazeau, président de l’Association des gériatres du Québec, il faut séduire les étudiants en médecine et les encourager à choisir la gériatrie comme spécialité. Dr Brazeau remet aussi en question le fait que l’externat en gériatrie ne soit toujours pas obligatoire bien que l’on connaisse les enjeux du vieillissement de la population.
Même si la majorité des médecins verront essentiellement des personnes âgées dans le cadre de leur pratique médicale, la plupart d’entre eux n’auront jamais fait de stage en gériatrie. En effet, contrairement à l’externat en pédiatrie, l’externat en gériatrie n’est pas obligatoire.
« Bien comprendre et examiner l’évolution d’une personne âgée dans toute sa complexité prend un certain temps. Pour réellement apprendre les rudiments des soins aux aînés, un externe doit s’y plonger complètement et travailler avec des gériatres qui évoluent dans une équipe interdisciplinaire et pratiquent à l’hôpital avec plaisir », souligne Dr Brazeau.
Avec le vieillissement de la population, engendre une pression énorme sur les soins offerts aux personnes âgées. Et pourtant, le président de l’Association des gériatres du Québec, Dr Serge Brazeau, constate que les budgets demeurent insuffisants d’année en année.
Dans le cadre de sa pratique, le Dr Brazeau observe également un gouffre entre le niveau de soins offerts à l’unité de gériatrie et celui en soutien à domicile. Dr Brazeau est d’avis qu’une réorganisation complète des soins entre l’hôpital et la maison doit être orchestrée. « Il faut cesser d’être inquiet au moment où nous donnons congé à nos patients. Il nous faut regagner confiance en notre réseau », conclut-il.
« Nous affirmons nous préoccuper de nos aînés, mais nous ne le faisons pas. C’est comme ça depuis toujours, mais c’est particulièrement criant dans le contexte démographique actuel. »
Dr Serge Brazeau, président de l'Association des gériatres du Québec
Soins aux aînés : des besoins criants, des ressources insuffisantes
En novembre 2020, dans le cadre des Journées de formation interdisciplinaire, le Dr Serge Brazeau, président de l’Association des médecins gériatres du Québec, et Catherine Lajoie, présidente de la Fédération médicale étudiante du Québec, ont discuté de l’organisation des soins aux aînés et de la profession de gériatre. Une rencontre entre la sagesse et la jeunesse dans un contexte de vieillissement démographique.