La pertinence des actes médicaux
Les experts estiment que le quart des examens radiologiques ne sont pas pertinents ou apportent peu de valeur ajoutée au choix de traitement. Afin de concentrer leurs efforts sur les examens qui, eux, contribuent à l’amélioration des soins et services de santé, les radiologistes s’attaquent à la croyance qui veut que le recours à l’imagerie médicale soit indispensable en tout temps.
Les trois-quarts des examens sont pertinents
Dans 75 % des cas, les radiographies et l’imagerie par résonnance magnétique (IRM) sont totalement justifiées, notamment dans :
- La prévention des maladies (dépistage)
- Les programmes de détection des maladies
- Le diagnostic des patients
- Le suivi de la thérapie
- L’établissement d’un pronostic
- L’appui au diagnostic en région éloignée
- La thérapie par la radiologie d’intervention
Fin de certaines prescriptions routinières
Dans 10 à 30 % des cas, les prescriptions radiologiques sont faites de manière routinière, c’est-à-dire sans que personne ne se demande si les résultats obtenus seront réellement utiles. Des sociétés savantes se sont penchées sur le sujet dans de nombreux pays. Elles en sont arrivées à la conclusion que les examens radiologiques devraient toujours être fondés sur la preuve de leur pertinence.
Des outils de référence seront donc créés afin de guider les prescripteurs, soit les professionnels en première ligne, les médecins spécialistes et les radiologistes. Ils auront alors en main les informations nécessaires lorsqu’ils devront expliquer à un patient pourquoi un examen radiologique n’est pas pertinent dans son cas.
Des soins pertinents, à haute valeur ajoutée
Les patients dont les examens radiologiques ne sont pas pertinents privent – involontairement, bien sûr – ceux qui, s’ils bénéficiaient d’une IRM rapide par exemple, subiraient une intervention chirurgicale dans de brefs délais, de sorte que leur vie reprendrait son cours normal. Autrement dit, les examens en radiologie devraient, en tout temps, donner lieu à des soins pertinents à haute valeur ajoutée.
Priorité aux lombalgies et aux céphalées
De nombreuses études ont ciblé en priorité les examens liés aux problèmes lombaires et aux céphalées. En effet, la plupart des examens pour ces problèmes de santé ne se traduisent pas ensuite par une intervention ou un traitement.
Ainsi, dans 90 % des cas, les douleurs lombaires se résorbent sans qu’il soit utile d’intervenir de quelconque façon en médecine spécialisée. Par ailleurs, l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) recommande de n’avoir recours à un examen d’imagerie ni pour l’investigation d’une céphalée primaire, chronique et sans anomalie à l’examen clinique ou neurologique, ni dans le seul but de rassurer un patient.
Les 25 % d’examens radiologiques non pertinents coûtent environ 75 millions de dollars à l’État chaque année. Cette somme mériterait largement d’être réinvestie dans le réseau de la santé. Pour s’assurer de couper aux bons endroits, des guides définissant des critères fondés sur des données probantes en imagerie sont en voie d’être créés. En les respectant, le traitement des cas complexes s’en trouvera accéléré, pour le plus grand bien des patients.
La Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), en collaboration avec l’Association des radiologistes du Québec et l’Institut de la pertinence des actes médicaux (IPAM), prépare des outils de référence qui guideront les prescripteurs d’imagerie médicale dans leurs décisions. L’IPAM a pour mandat d’identifier et d’adopter des mesures visant à restreindre ou à éliminer des actes médicaux inappropriés, rendus à des fréquences excessives ou non conformes aux bonnes pratiques médicales. Il a aussi la responsabilité de voir au réinvestissement des économies afin d’améliorer l’accessibilité aux services et de moderniser la pratique de la médecine spécialisée.